Les phénomènes volcaniques sont redoutés car ils peuvent détruire toute forme de vie sur de vastes superficies. Cependant, des scientifiques ont constaté avec surprise qu’ils étaient aussi propices à l’activité bactérienne comme en témoigne la découverte de bactéries complètement inconnues qui ont rapidement colonisé une partie d’un tout jeune volcan sous-marin dans l’archipel des Canaries.
Cette étrange découverte provient du volcan sous-marin Tagoro, situé sur l’île d’El Hierro (archipel des Canaries).
D’octobre 2011 à mars 2012, son éruption a constitué un édifice volcanique sous-marin de près de 275 m de haut, avec un sommet situé à 89 mètres sous la surface de l’eau. La formation de ce volcan sous-marin, qui pourrait devenir une île si le dôme venait de nouveau à s’élever, a détruit toute forme de vie sur 9 km² principalement à cause des températures élevées, de l’acidité et de la perte d’oxygène.
Si la vie marine a été durement affectée, l’activité bactérienne a été stimulée, comme en témoignent des études qui datent de 2011 autour d’un volcan sous-marin dans le Pacifique. Ici, trois ans après, l’observation du cône volcanique à l’aide d’un robot sous-marin, à environ 130 mètres de profondeur a révélé d’abondantes (sur plus de 2000 m²) colonies de bactéries blanches et chevelues, inconnues et baptisées « cheveux de Vénus » (Thiolava veneris) en référence à la célèbre peinture de Botticelli « La naissance de Vénus ».
Chaque filament mesure jusqu’à 3 centimètres de long pour environ 36 à 90 micromètres de large. Des analyses microscopiques et moléculaires ont montré que ces filaments étaient constitués de trichomes bactériens enveloppés dans une gaine et colonisés par des bactéries épibiotiques.
Il s’agit donc de bactéries extrêmophiles qui n’avaient jamais été observées auparavant et qui se nourrissent du carbone organique et inorganique libéré par le dégazage volcanique ainsi que des composés soufrés et azotés, qui sont d’ordinaires un véritable poison pour la vie.
Encore mieux : les cheveux de Vénus « peuvent entraîner le redémarrage des systèmes biologiques après les éruptions volcaniques sous-marines », indique l’étude publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution. En témoigne le développement d’un réseau alimentaire spécialisé et très diversifié sur les bactéries chevelues, favorable à la présence de vers et crustacés.
Ces bactéries, littéralement sorties de nulle part, restent un mystère pour l’équipe espagnole et italienne de scientifiques. Elles se sont probablement installées sur le cône volcanique lorsque sa température a atteint moins de 100°C, mais sans que l’on sache d’où elles viennent.
Et si la vie provenait des profondeurs de la Terre ?