Wauranos le premier Dieu-Roi de l’Atlantide
Extrait tiré du livre de Diodore De Sicile :
Histoire des Dieux selon les Atlantes
Comme nous avons fait mention des Atlantes (Chleuhs), je crois qu’il ne sera pas hors de notre sujet de rapporter ici ce qu’ils racontent de la naissance des Dieux. Leur sentiment n’est pas en ce point fort éloigné de celui des Hellènes (Grecs). Les Atlantes habitent une contrée maritime et très fertile (le Maghreb). Ils diffèrent de tous leurs voisins par leur piété envers les Dieux et par leur hospitalité. Ils prétendent que c’est chez eux que les Dieux ont pris naissance et le plus fameux de tous les poètes de l’Hellénie (Grèce) paraît être de cet avis lorsqu’il fait dire à Junon :
Je vais voir sur les bords du terrestre séjour
L’Océan et Thétis, dont nous tenons le jour.
Ils disent que leur premier Roi fut Uranus. Ce Prince rassembla dans les villes les hommes qui avant lui étaient répandus dans les campagnes. Il les retira de la vie brutale et désordonnée qu’ils menaient ; il leur enseigna l’usage des fruits et la manière de les garder et leur communiqua plusieurs autres inventions utiles. Son empire s’étendait presque par toute la terre mais surtout du côté de l’Occident et du Septentrion. Comme il était soigneux observateur des astres, il détermina plusieurs circonstances de leurs révolutions. Il mesura l’année par le cours du soleil et les mois par celui de la lune et il désigna le commencement et la fin des saisons. Les peuples qui ne savaient pas encore combien le mouvement des astres est égal et constant, étonnés de la justesse de ses prédictions, crurent qu’il était d’une nature plus qu’humaine et après sa mort ils lui décernèrent les honneurs Divins à cause de son habileté dans l’astronomie et des bienfaits qu’ils avaient reçus de lui. Ils donnèrent son nom à la partie supérieure de l’univers, tant parce qu’ils jugèrent qu’il connaissait particulièrement tout ce qui arrive dans le ciel que pour marquer la grandeur de leur vénération par cet honneur extraordinaire qu’ils lui rendaient, ils l’appelèrent enfin Roi éternel de toutes choses. On dit qu’Uranus eut quarante‑cinq enfants de plusieurs femmes mais qu’il en eut entre autres dix‑huit de Titaea. Ceux‑ci outre leur nom particulier furent appelés Titans du nom de leur mère. Comme Titaea était fort prudente et qu’elle surpassait les autres femmes en toute sorte de vertu, elle fut mise au rang des Dieux par ceux qu’elle avait comblés de biens pendant sa vie et elle fut appelée Gaïa (la Terre). Uranus eut aussi plusieurs filles dont les deux aînées ont été les plus célèbres. L’une était Basilée, qui signifie Reine, et l’autre Rhéa, que quelques‑uns nomment aussi Pandore. Basilée qui était la première était aussi la plus sage et la plus habile. Elle éleva tous ses frères et elle avait pour eux une amitié de mère. Quand son père passa au rang des Dieux, les peuples et surtout ses frères, l’obligèrent de monter sur le trône ; elle était encore vierge et par un excès de pudeur, elle ne voulait pas se marier. Mais enfin, pour avoir des enfants qui purent succéder à sa couronne, elle épousa Hypérion, celui de ses frères qu’elle aimait le plus.
Helius et Séléné frère et soeur de Basilée et d’Hypérion.
Elle en eut un fils et une fille, Hélius et Séléné, tous deux admirables par leur beauté et par leur vertu. Cependant, ces avantages attirèrent sur Basilée l’envie de ses frères qui, craignant d’ailleurs qu’Hypérion ne voulût se rendre maître du royaume, conçurent un dessein exécrable. Ils conjurèrent entre eux d’égorger Hypérion et de noyer dans l’Éridan son fils Hélius qui n’était encore qu’un enfant. Quand Séléné apprit ce malheur, comme elle aimait son frère uniquement, elle se jeta du haut du palais en bas. Pendant que Basilée cherchait le long du fleuve le corps de son fils Hélius, elle s’endormit de lassitude. Elle crut voir son fils qui l’appela et lui recommanda de ne point s’affliger de la mort de ses enfants. Il ajouta que les Titans recevraient le châtiment qu’ils méritaient, que sa soeur et lui allaient être admis au nombre des Dieux par l’ordre du destin, que ce qui s’appelait autrefois dans le ciel le feu sacré s’appellerait Hélius ou le Soleil, et qu’on donnerait à l’astre appelé Mené le nom de Séléné ou de Lune. S’étant réveillée, elle raconta son songe à ceux qui la suivaient et leur défendit de la toucher. Aussitôt, elle tomba dans une espèce de fureur. Prenant en main les jouets de sa fille qui pouvaient faire du bruit elle errait partout le pays et se mettant à courir et à danser, les cheveux épars, comme elle aurait fait au son des tambours et des timbales, elle excitait la compassion de tous ceux qui la voyaient. Tout le monde en ayant pitié, quelques‑uns voulurent l’arrêter. Mais aussitôt il tomba une grande pluie accompagnée d’horribles éclats de tonnerre. Sur ces entrefaites, Basilée disparut. Le peuple changeant alors sa douleur en vénération plaça Hélius et Selené entre les astres. On éleva des autels en l’honneur de leur mère et on lui offrit des sacrifices au bruit des tambours et des timbales à l’imitation de ce qu’on lui avait vu faire.
Notre exégèse sur ces textes helléniques :