Tiwizi la solidarité atlante

 

Tiwizi, une tradition millénaire chez les Atlantes, il signifie “solidarité” en libyen, on parle de solidarité tribal inter-villages.

L’expression d’une solidarité ancestrale comme moyen de développement économique et social naturel.

« Les sociétés traditionnelles passées se basaient sur une solidarité mécanique impliquant des comportements collectifs et des activités de production faiblement différenciés. Cette solidarité reposait sur la proximité, la ressemblance et le partage d’une histoire et des valeurs communes aux communautés humaines. »

Tiwizi (touiza) tradition ancestrale des peuples Libyens, elle constitue un acte qui met en valeur l’union, la fraternité, excluant toute sorte de division et mépris d’autrui. Pour les Atlantes, c’est un mode de vie basé sur les liens familiaux qui se manifeste et se concrétise – surtout à l’occasion des travaux agricoles, comme les labours ou les moissons – dans le travail de groupe dans l’intérêt général du village.

Tiwizi s’inscrit aussi dans l’organisation sociale des travaux du village relatifs au nettoyage des canalisations d’eau ou aux travaux de fortifications des sources d’eau du village.

Pour beaucoup, elle véhicule un sens de solidarité, entraide, volontariat, bénévolat et générosité.

Tiwizi varie avec la variation des saisons. Mais en cas de grande disette, il arrivait même qu’elle soit organisé avant.

On distingue quatre grandes tiwizi :

Tiwizi d’automne

Les premières pluies, souvent abondantes, arrivaient toujours en octobre. Dès lors, les labours sont lancés. Les femmes et les hommes et même les enfants, y participent. Ils commençaient par agdal, des terrains sacrés affiliés à la mosquée et à l’école du village. Au moment du repas, un festin familial (couscous) est servi à l’ombre d’un arbre ou au pied d’un rocher, parfois même il fut suivi d’un tajine. Le retour au village se faisait au coucher du soleil dans un climat de joie et de bonheur accompagné par le chant des femmes, souhaitant un hiver pluvieux.

Par la suite des groupements familiaux se formaient dans le seul but de faire rapidement les grands travaux de labours des terrains plus lointains et un peu arides qui se dessèchent rapidement. Chacun emmenait ses forces avec lui : la mule de l’oncle, le bœuf de la tante, l’âne de la mère, etc. Même les enfants font leur part de tâches en débarrassant les parcelles de terre, des pierres et des mauvaises herbes.

Tiwizi d’hiver

Le gaulage des olives se faisait en janvier et toujours en tiwizi. A cette période-là, les olives sont mûres et pleines. Il faut donc les cueillir rapidement, car tombées au sol, elles pourrissent, et restées sur les arbres, les oiseaux les picorent gaiement. Ainsi durant quelques jours, les grandes oliveraies sont en grande fête.

Tiwizi du printemps

Au printemps, les multiples parcelles de terres cultivées en automne se trouvaient couvertes d’épis d’orge.

Les moissons ont lieu au mois de mai. Elles se faisaient en mini tiwizi familiale. Car, il faut moissonner et ramasser rapidement les épis qui sont mûrs, pour éviter de les exposer aux orages et au pourrissement ou aux oiseaux de saison. Elles durent une semaine ou deux.

Tiwizi d’été

Il y avait une ou deux Tiwizi tournantes qui passent d’une famille à l’autre à tour de rôle pour le dépiquage et le vannage de l’orge. Le travail commençait juste après le chant du coq. Le dépiquage se faisait par le foulage de l’orge sous les pieds des animaux à sabots.

Aujourd’hui tiwizi relève plus de la solidarité tribale ou d’un simple fonctionnement social avec rémunération, mais du temps de nos aïeux il s’agissait plus tôt d’un rituel tribal, un acte sacré qui bénissait les gens et renforçait les liens inter-villages. Bien entendu à notre époque où même les familles se divise et se font la course à la richesse de celui qui aura la plus grande maison à la plus chère des voitures, tiwizi peut devenir un phénomène rassembleur, vecteur de solidarité familial, faisant partie d’un mécanisme économique et religieux bénéfique. La solidarité atlante a d’ailleurs inspiré le communisme, elle est au coeur de ce qu’on appelle le modèle de civilisation parfait (le plus évolué) qui inspire les grands penseurs depuis la renaissance européenne. Le repas de tiwizi est d’ailleurs une démonstration de civisme atlante, la même chose est visible dans les milieux ouvriers citadins où l’employeur met un point d’honneur à apporter un repas et un thé à ses ouvriers et travailleurs, chose encore d’actualité qui démontre un rapport saint avec la nourriture et un comportement solidaire envers le travailleur comme si il faisait tiwizi. L’héritage de tiwizi est ce respect du travailleur, la joie à la fin d’une journée rythmée de chants et musiques, cependant bien qu’elle soit encore pratiqué dans les villages, les gens sont rémunéré car les exigences du monde moderne oblige les populations à élevé leur niveau de vie, il est devenu difficile de vivre juste de ressource de la terre, l’arrivée des technologies modernes a rendu les gens dépendants de l’électricité et des produits électroniques qui en découle, ce qui les obliges à courir après les richesses pour pouvoir se payer tout cela. Pourtant malgré ces rémunérations, cela n’empêche pas les villageois d’avoir une solidarité les uns envers les autres, car même si les aides sociales diverses dissuadent beaucoup de travailler, devenant des assistés, ils n’oublient jamais l’importance de l’entre-aide, car tiwizi au delà du simple phénomène social est un principe, une vertu atlante, celle du bien commun. 

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