Déesse de la lumière de la Lune et par extension de la pleine Lune (étant donné qu’il s’agit de la phase à laquelle la lumière lunaire est à son maximum), Thiziri est une déesse libyque dont le culte est principalement attesté chez les femmes. Il s’agit d’une des trois divinités de la Lune chez les libyques avec Ayur (le croissant) et Tallit (la nouvelle Lune).
Thiziri est la déesse protectrice des femmes enceintes dont le ventre est comparé à la pleine lune. Le terme « Thiziri » désigne d’ailleurs la paturiente. On retrouve également cette idée de gestation chez les Ténériens qui désignent la pleine lune par le mot « tekkar » qui signifie « elle est enceinte ».

Thiziri serait également la déesse qui préside à l’initiation des jeunes adolescents. En effet dans le conte Thiziri, la princesse et l’ogresse, pour remercier Thiziri de l’avoir sauvé de Teriel, le héros, qui n’a alors que 17 ans, s’engage à lui faire retrouver sa forme humaine. Thiziri le charge alors de rapporter les têtes de 7 pieuvres et de les présenter à la belle-mère de Thiziri. Au cours de cette aventure, le jeune apprendra à pêcher, à chasser, à escalader des montagnes et à affronter des eaux déferlantes.
Ce même conte nous renseigne sur le fait que Thiziri est une déesse qui évolue dans le domaine sauvage et non pas dans le domaine de la civilisation. Effectivement, cette dernière explique que cela fait 7 ans qu’elle arpente les forêts.
Thiziri est également une déesse de la magie. Dans un conte kabyle de Mouliéras le nom de Thiziri revient lors d’une incantation. Le personnage s’adresse en ces termes: « ziri, ziri, ma yemma ». Les femmes kabyles se servaient également des pouvoirs de la Lune pour leurs rituels magiques. Thiziri semble aussi posséder des pouvoir de divination.

Thiziri incarnerait l’idéal féminin. En effet, dans de nombreux contes libyques, l’héroine est souvent mise en comparaison avec la Lune. À noter qu’il est très valorisant pour une femme d’être comparée à la lune. Il s’agit là du plus beau compliment que l’on puisse recevoir. La perdrix est également un symbole de grâce et de beauté féminine dans la tradition populaire kabyle.

Thiziri et Artémis/Diane

Artémis comme Thiziri sont deux déesses protectrices des femmes en couches. Mais la comparaison ne s’arrête pas là.
La fête annuelle d’Artémis se déroule dans la période du 13 au 15 août lors de l’apparition de la pleine Lune.
Le domaine des deux déesses semble être la nature sauvage. En effet dans le conte Thiziri, la princesse et l’ogresse, on apprend que Thiziri vit dans la forêt depuis 7 ans soit depuis qu’elle a 10 ans.
Artémis et Thiziri sont toutes les deux porteuse de lumière. Artémis est appelée la « radiante », surnom qui est à rapprocher de Thiziri qui est la déesse de la lumière lunaire.

De plus Artémis et Thiziri sont des déesse qui préside à l’initiation des enfants et adolescents. L’épreuve du passage à l’âge adulte, pour les jeunes atlantes , consiste à attraper une perdrix. Cette épreuve révèlera leur aptitude à se prendre en main et leur talent de chasseur. Pour rappel la perdrix, qui se dit « thiziret » en langue kabyle, est un oiseau très prisé comme gibier. Cette fonction de gibier est à mettre en lien avec le fait qu’Artémis est la déesse de la chasse.

La perdrix n’est pas sans lien directe avec Artémis. Artémis est née sur Orthygie, l’île aux cailles. Les cailles font partie de la même sous-famille que les perdrix à savoir la sous-famille Perdicinae. La caille ressemble beaucoup à la perdrix mais elle est de plus petite taille. De plus la perdrix est un animal très sociable qui se déplace en groupe de 10 perdrix voire en hiver par groupe de 70 ou 100 perdrix à l’image d’Artémis qui se déplace accompagnée d’une troupe de Muses et de Nymphes.
La perdrix est un animal qui capable de voler les œufs d’une autre perdrix et des les couver. Cela fait penser à Artémis qui demanda à Agamemnon de sacrifier sa fille Iphigénie pour apaiser sa colère envers lui. Au dernier moment lorsqu’Agamemnon tenta de sacrifier Iphigénie, Artémis la substitua à une biche et en fit une de ses prêtresse.

La plume de la perdrix passait pour protéger des poisons et de la mort. Ce qui permet de faire un lien entre le fait que les amazones savaient fabriquer du poison avec toute sorte de plante notamment absinthe une catégorie d’armoise. En effet quiconque connait les poisons en est en quelque sorte immunisé.
Artémis est la perdrix semblent être toutes les deux associées à la spirale. À l’origine la spirale était un symbole spécifiquement féminin, rattaché au cycle lunaire dans sa croissance et sa décroissance constante. La spirale est associée au symbolisme érotique de la vulve. C’est ainsi que l’on retrouve le symbole de la spirale sur des pendentifs représentant Artémis. Les plumes de la perdrix symbolisent la spirale sacrée de la vie. De même lors de l’application de la médecine de la perdrix, il est nécessaire de visualiser une spirale. Les peuples autochtones d’Amérique éxécutaient la danse de la perdrix pour rendre hommage à cet animal. Il s’agit d’une danse giratoire qui tournoie comme la spirale.

Nous retrouvons également un lien entre Thiziri et Artémis dans le nom de l’armoise. L’armoise de son nom scientifique « Artemisia » se dit en langue kabyle « aziri »(plutôt l’armoise blanche). L’armoise étant la plante préférée d’Artémis car elle régule le cycle menstruel notamment en provoquant les règles

Comme nous l’avons vu plus haut Thiziri est une déesse de la magie. Nous pouvons faire le rapprochement avec Artémis qui, au Moyen-Âge, était considérée avec Hécate comme une déesse commandant les sorcières.
Dans Signes et rituels magiques des femmes kabyles de Makilam, cette dernière nous apprend que la Lune en raison de sa forme ronde est associée à la femme et porte le même nom que le vagin. Ce qui rappel le symbolisme érotique de la spirale évoqué plus haut. À noter qu’en darija le vagin se dit « Tiz » probablement un diminutif de Thiziri. Ce fait est à rapprocher du fait qu’Artémis est une déesse de la virginité.
Enfin Artémis comme Thiziri semble être l’incarnation de l’idéal féminin.