Les vrais raisons de la chute de Rome

 

Les Hellènes désignaient sous le nom de Barbares tous les peuples non helléniques, dont ils ne comprenaient pas la langue. A mesure que se développèrent leur civilisation et leur puissance, ils en méprisèrent davantage le Barbare opposé à l’Hellène, considéré comme d’une culture inférieure et destiné à le servir. Le mot barbare finit même par prendre le sens purement grammatical de rude, grossier.
Les Romains l’adoptèrent dans ces divers sens et l’appliquèrent à tous les peuples restés étrangers par la langue et les moeurs à la civilisation gréco-romaine.

 

Les Barbares dans le droit romain.

 

La qualification de barbari, d’abord réservée chez les Romains comme chez les Grecs aux individus parlant une langue étrangère, a fini par n’être plus appliquée qu’aux peuples d’origines diverses restés en dehors du cercle d’action de la culture gréco-romaine. Parmi les Barbares les uns appartiennent à des nations occupant des territoires non soumis à la domination de Rome, les autres sont à des titres divers établis sur le territoire romain, particulièrement près des frontières constamment menacées.
Les barbari de la première catégorie, alienigeni, sont vis-à-vis des Romains dans la situation qui était faite autrefois aux peuples italiens, voisins immédiats de Rome. Lorsqu’il n’a pas été conclu avec eux de traités d’alliance ou d’amitié, foedus, ils sont considérés comme hostes. Sans déclaration préalable de guerre, les Romains peuvent s’emparer de leurs personnes et les réduire en esclavage comme aussi prendre leurs biens. Toutefois on leur reconnaît un droit analogue sur la personne des Romains et les choses leur appartenant. En leur qualité d’étrangers ces Barbares sont toujours restés exclus du connubium et du commercium, et au Bas-Empire on alla même jusqu’à défendre l’exportation chez eux de certaines marchandises.

Tout autre est la condition des Barbares résidant sur le territoire romain. Sous les noms divers de dedititii, foederati, laeti, gentiles, ils participent dans une mesure plus ou moins large aux avantages réservés aux peregrini sujets de l’empire. Même après la constitution de Caracalla qui conféra la qualité de citoyen romain à tous les habitants de l’Orbis romanus, il semble qu’ils aient continué à être traités comme étrangers, et qu’ils aient conservé, du moins pour la plupart, leurs coutumes nationales, sauf l’application du jus gentium. Une constitution de Valentinien et Valens, de l’an 365, leur refuse le connubium avec les citoyens. Mais on n’est pas d’accord sur la portée qu’il faut attribuer à cette prohibition, qui ne se retrouve pas dans le code de Justinien.

Un très grand nombre de ces Barbares avaient été admis sur le territoire romain à charge de service militaire, et incorporés à titre d’auxiliaires dans l’armée. Au Bas-Empire ce sont eux qui la composent presque exclusivement. Quelques-uns pour prix de leurs services obtiennent le droit de cité et la participation aux honneurs qui en était la conséquence. Ces exceptions tendirent à se généraliser, et depuis la seconde moitié du IVe siècle on les voit partout non seulement à l’armée, mais à la cour, dans les conseils des empereurs et dans les plus hautes magistratures, le consulat et le patriciat. Il est probable toutefois que ces barbares avaient reçu expressément le titre de citoyen ou étaient considérés comme en étant tacitement investis par le fait de leur élévation à ces dignités. (G. May).

 

La grande invasion

Les historiens modernes appellent Barbares populations qui détruisirent l’Empire romain. On réserve la dénomination de “grande invasion” à celle qui eut lieu au Ve siècle, et c’est plus spécialement à celle dont nous occuperons ici. Mais à vrai dire les émigrations de Barbares se continuèrent jusqu’au XVe siècle, et l’on peut dire que le Moyen Age, qui s’ouvre par une invasion – celle des Wisigoths – se termine par une autre invasion – celle des Turcs – de sorte que le Moyen âge se trouve compris entre la ruine de l’empire d’Occident et celle de l’empire d’Orient.

 

En attendant, derrière cette famille germanique, qui allait occuper la plus grande partie de l’empire, deux autres populations barbares se pressaient : les Slaves dont le rôle ne vint que plus tard, et les Huns, qui, par leur vie errante, passée dans des chariots énormes ou sur la selle de leurs chevaux, qui, étaient un sujet d’effroi pour pour les Occidentaux. Ce furent eux qui à la fin du IVe siècle ébranlèrent tout ce monde barbare et précipitèrent les Germains sur l’empire d’Occident.

 

Les Germains sous la pression des Huns.

 

Avant d’entrer sur le sol romain comme conquérants et comme ennemis, les Barbares – et notamment les Germains – y avaient pénétré à divers titres : comme colons (adscriptitii), comme alliés (foederali), comme lètes (loeti), comme gentiles, comme deditices (Barbares s’étant soumis à discrétion), etc. L’ennemi était donc dans la place avant d’avoir ouvert les hostilités, de sorte que l’Empire romain fut en partie démembré par ceux-là mêmes qui avaient mission de le protéger. La catastrophe fut déterminée, on l’a dit, par les Huns. Par suite de discordes intestines, une partie partie de ceux-ci, poussée vers l’Europe, traversa la Volga (377), et, entraînant dans sa course les Alains, vint heurter le grand empire gothique dans lequel lequel Hermanrich avait réuni les trois branches de sa nation : Ostrogoths ou Goths orientaux à l’est du Dniepr; Wisigoths ou Goths occidentaux; occidentaux; Gépides ou traîneurs plus au nord. Les Ostrogoths se soumirent. Les Wisigoths s’enfuirent vers le Danube, et demandèrent des concessions de terre à l’empereur Valens, qui leur en accorda, et, bien qu’ils se fussent engagés à déposer les armes avant de pénétrer sur le sol impérial, ils réussirent à éluder cette clause. Arrivés dans la Mésie, ils eurent des démêlés avec les officiers impériaux, marchèrent sur Constantinople et remportèrent sur Valens la bataille d’Andrinople (378).

Théodose le Grand, successeur de Valens, les établit comme foederati sur le Danube et les contint; mais à sa mort, le Gaulois Rufin, ministre de l’empire d’Orient, qui avait besoin d’auxiliaires pour faire échec aux projets ambitieux qu’il attribuait à Stilicon, ministre de l’empire d’Occident, s’adressa à Alaric, chef des Wisigoths. Celui-ci accourut. Rufin l’éloigna de Constantinople et le lança sur la Macédoine et la Thessalie, qui furent ravagées. Stilicon se bâta de conduire en Grèce une armée nombreuse : Arcadius, poussé par Rufin, lui envoya l’ordre, de se retirer, ce que fit le ministre d’Occident, mais non sans s’être entendu avec un Goth fédéré pour faire assassiner son rival d’Orient (395). Alaric, délié par le meurtre de Rufin du traité qui le retenait dans le nord de la Grèce, ravagea la Phocide, la Béotie, le Péloponnèse, s’enfuit à l’approche de Stilicon, et fut nommé par Arcadius maître de la milice dans l’Illyrie orientale (398). Il profita de cette circonstance pour armer ses soldats; puis, franchissant les Alpes Juliennes, il arriva en 403 dans les plaines du Pô, d’où Stilicon réussit à le chasser, pendant que le lâche Honorius se retirait à Ravenne, à l’abri derrière d’impraticables marais.

 

A ce moment, une nuée de Suèves, de Vandales, etc., s’avançait sous les ordres de Radagaise; Stilicon, dont on ne saurait trop louer l’infatigable activité au milieu de la décomposition générale, les enveloppa autour de Florence, et la plupart d’entre eux périrent par la famine aux rochers de Fésule (406). Malheureusement, le ministre d’Occident avait dû dégarnir les frontières pour concentrer en Italie les forces impériales. Alaric profita de cette circonstance pour envahir une seconde fois l’Italie (408), prit Aquilée et Crémone, imposa ses conditions à Rome (409) et mourut en 411 à la veille de passer en Sicile. Stilicon n’était plus là : Honorius, jaloux de ses succès, l’avait fait assassiner en 408, avec un grand nombre de ses soldats. Ataulf, frère et successeur d’Alaric, traita avec l’empereur d’Occident qui le chargea de faire rentrer dans l’ordre la Gaule
méridionale et l’Espagne, désolées par les Barbares.

A la fin de l’année 406, une armée de Germains, dont la troupe de Radagaise n’avait été que l’avant-garde, s’était en effet précipitée vers le sud, avait franchi le Rhin malgré les Francs à la solde de l’Empire, ravagé Mayence, Worms, Reims, Amiens, Arras, en un mot toutes les cités de la Gaule, après quoi elle avait livré l’Espagne au pillage :

« Ataulf, dit Edward A. Freeman, jeta les bases de ce grand royaume des Wisigoths, que nous pouvons considérer comme spécialement espagnol, bien que son origine première fût en Gaule et qu’il conservât jusqu’à la fin une certaine partie de territoire gaulois. La situation des Goths, dans tous ces pays, n’était pas celle de véritables conquérants cherchant ouvertement à fonder un Etat goth ; ils y étaient venus comme soldats de l’Empire, cherchant à recouvrer les provinces que celui-ci avait perdues, provinces alors occupées ou ravagées par les Suèves, les Vandales, les Alains… Au commencement du Ve siècle, ces derniers possédaient l’Espagne centrale d’une mer à l’autre, mais ils furent forcés au bout de peu de temps de l’abandonner aux Suèves; ceux-ci s’étaient déjà rendus maîtres de toute la partie Nord-Ouest de la péninsule, et ils s’y maintinrent longtemps après que les Goths se furent emparés de toute l’Espagne. Les Vandales, qui étaient réduits à la possession de la Bétique, passèrent alors en Afrique (429), oh ils fondèrent un royaume germanique, le seul qui fut fondé sur ce continent, avec Carthage pour capitale, et s’étendant aussi sur les grandes tics de la Méditerranée. Dans tous ces bouleversements, les Basques et les habitants des montagnes Cantabriques semblent n’avoir jamais complètement perdu leur indépendance. Si donc l’on excepte cette petite partie de l’Espagne, on voit que le grand royaume wisigoth qui se trouve formé avant le milieu du Ve siècle comprenait toute l’Espagne et le Sud-Ouest de la Gaule. Ce royaume s’étendait depuis les colonnes, d’Hercule jusqu’à la Loire et jusqu’au Rhône, et sa capitale, située non en Espagne mais en Gaule, était Tolosa ouToulouse. » (Histoire générale de l’Europe par la géographie politique, Paris, 1886, in-8, éd. fr.)
La domination wisigothique, qui subsista au delà des Pyrénées, jusqu’à la conquête arabe, fut de peu de durée en Gaule, où les Francs, dès la fin du règne de Clovis, étaient les maîtres de presque tout le pays. Parmi les Barbares dont ce chef anéantit la puissance, il convient de mentionner les Burgondes, qui avaient en 406 fondé un royaume entre le Rhône et les Alpes.

 

Les Huns et Attila.

 

Quatre royaumes barbares se sont déjà élevés déjà dans l’empire d’Occident lorsque apparaît Attila. C’est le grand épisode de l’invasion du Ve siècle. Que fut devenue l’Europe sous la domination des Huns, sous cet Attila, le fléau de Dieu,qui ne voulait pas que l’herbe pousse là où son cheval avait passé? Ayant fait périr son frère Bléda, il gouvernait seul la nation des Huns et tenait sous son joug tous les peuples établis au bord du Danube. Il habitait une ville et un palais de bois dans les plaines de la Pannonie, d’où il avait dicté des lois et imposé des tributs (traité de Margus) à Théodose II, empereur d’Orient. Genséric l’ayant appelé, pour qu’il fît une diversion utile à ses desseins, il entraîna sur l’Occident l’immense cohue de ses peuples. Il traversa le Nord-Est de la Gaule bouleversant tout, et vint assiéger Orléans. Le patrice Aétius accourut avec une armée où les Wisigoths, les Burgundes, les Francs, les Saxons combattirent avec les Romains contre les nouveaux envahisseurs, et la grande bataille dite des Champs catalauniques (451), rejeta Attila au delà du Rhin. Il se rabattit sur l’Italie, y détruisit beaucoup de villes, entre autres Aquilée dont les habitants allèrent jeter dans les lagunes de l’Adriatique les fondements de Venise. De retour en Pannonie, il y mourut d’un coup de sang (453), et la grande puissance des Huns se dissipa dans les discordes de ses fils.

 

Les dépouilles de l’Empire.

 

L’Empire est encore debout, mais on sent qu’il est près de sa ruine c’est en se servant des Barbares les uns contre les autres qu’il recule l’échéance fatale.

En 435, appelé par Eudoxie, veuve de Valentinien III (que Maxime avait épousée de force après avoir assassiné Valentinien), Genséric, chef des Vandales d’Afrique, débarque à Ostie et repasse la Méditerranée, emportant des milliers de prisonniers et des richesses considérables. Six ans plus tard, il dévaste les côtes d’Italie et de Grèce (461-467). Les Barbares établis dans l’Empire en sont désormais les maîtres: ils font et défont les empereurs. L’un de ces derniers, Romulus Augustule, refuse aux foederati un tiers de l’Italie, et aussitôt l’Hérule ‘Odoacre le renverse, mettant fin à l’empire d’Occident (476).

Les royaumes fondés par les Barbares sur les ruines de l’organisation romaine n’eurent pas tous un caractère durable : Bélisaire détruisit celui des Vandales (533); Clovis vainquit les Burgondes (534) ; les Wisigoths renversèrent l’Etat fondé par les Suèves dans la Galice et les Asturies (587) et furent à leur tour supplantés par les Sarrasins (711). Odoacre lui-même, nommé patrice, après la déposition de Romulus Augustule, fut renversé par les Ostrogoths dont le royaume fut détruit un demi-siècle après par l’armée de Justinien. Au contraire les bases d’Etats importants au point de vue de la genèse des Etats modernes furent jetées plus ou moins solidement : 1° par les Francs; 2° par les Wisigoths; 3° par les Langobards ou Lombards qui, envahissant l’Italie, l’avaient enlevée aux successseurs de Justinien; 4° par les Angles, les Saxons et les Jutes. (Maxime Petit).

 

Conclusion

 

Ce qui mit fin à l’Empire romain d’Occident n’était ni le christianisme comme le disait si bien Adolf Hitler, ni l’oppression des Romains envers les Barbares, mais bien la confiance accordé aux Barbares qui sont les ennemies des Dieux, délaissant la famille méditerranéenne au profit d’amitié éphémère au nom de la nouvelle religion (christianisme). Les Romains n’ont pas fait que déclencher la Colère des Dieux, ils ont aussi oublié l’importance de leur famille raciale, se détournant peu à peu de leur cousins Libyens (Maures et Numides) qui avaient fait autrefois leur gloire pour travailler avec des Barbares en tout genre, méprisant le Libyen de foi libyque (proto-hellénisme) au profil du Barbare christianisé. Cette erreur stratégique coûtera cher à l’Empire car on sait désormais que si la création du royaume vandale d’Afrique a été possible c’est grâce au soutien de tribus libyennes en colère envers l’Empire qui voulait se venger de Rome. La capitale romaine sera d’ailleurs pillé par une alliance libyco-barbare, une alliance fatale qui privera non seulement Rome de son grenier africain mais aussi de son allier ancestral. Les Vandales ne manqueront pas d’utiliser cette vieille rancune entre Méditerranéens des deux rives et tirèrent avantage des tribus libyennes. Bien sur l’Empire d’Orient (Byzance) finira par s’allier avec le libyen Antalas pour chasser les Vandales d’Afrique mais le mal aura été fait. Plus tard les Arabes encore plus perfides ne manqueront pas non plus à leur tour d’utiliser la rancune des Libyens envers Rome en leur proposant de rejoindre l’islam pour vaincre l’Empire. La suite de l’histoire, vous la connaissez…

 

“La barbarie ne progresse que là où règne la tolérance.”

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