Les animaux psychopompes libyques

Chez les Libyens, la mort d’un être cher est toujours suivie de nombreux rites funéraires pour faciliter le passage dans l’au-delà de ce dernier. Les libyens vouaient un profond respect à leurs morts et s’assuraient toujours qu’ils aient tout ce dont ils ont besoin pour ne pas s’attirer leur colère. Parmi les pratiques funéraires libyques, nous retrouvons le sacrifice d’animaux. Le sacrifice d’animaux n’est pas fait par hasard. De la même façon qu’Hermès est considéré comme un dieu psychopompe, c’est-à-dire un dieu chargé de guider les âmes vers la demeure d’Akauch, certains animaux possèdent également cette fonction. Parmi les animaux offerts en sacrifice, nous avons le mouton, la gazelle, le bœuf, la chèvre, le cheval, le chameau, les oiseaux et le lapin. Mais pourquoi ces animaux plutôt que d’autres ? La plupart de ces animaux ont un lien avec la richesse matérielle ou la fertilité qui est une forme de richesse. Ne dit-on pas que la fertilité de la terre est un don des morts. Cette association de la richesse et de la mort n’est pas hasardeuse. En plus d’être le roi du monde souterrain, Akauch est également le dieu de la richesse.

Animaux associés à la richesse ou à la fertilité

La chèvre : La chèvre est, de tous les animaux, celui que préfèrent les divinités de la terre féconde et des profondeurs infernales. Cet animal est associé à la richesse notamment à travers le mythe de la chèvre Amalthée. Cette chèvre possédait une corne d’abondance. Il s’agit d’une corne de laquelle sortait une grande quantité de richesse. Cette corne d’abondance fut récupérée par Akauch et devint un de ses attributs.

La gazelle : Cet animal d’une grande beauté est souvent associé à la rapidité, à la légèreté et à la grâce. En réalité cet animal est associé à la luxure du fait de sa beauté. C’était l’animal sacré d’Anqet/ Anoukis la déesse de la luxure et de la fécondité chez les Égyptiens. Plus tard cette symbolique sera reprise par les califes arabes qui captureront les plus belles gazelles et les laisseront vivre en liberté dans leur vaste palais.

Le lapin : Le lapin est relié à la déesse Terre et au monde souterrain car c’est un creuseur de galeries et il vit dans des terriers. Il élit fréquemment domicile dans les cimetières ruraux et il n’est pas rare de le voir surgir d’une tombe. Le lapin est associé à la fertilité en raison du nombre de lapereaux qu’il peut y avoir dans une portée d’où l’expression familière “pondre comme des lapins”.

Le bœuf : Contrairement à ce que l’on pourrait penser le bœuf est bel est bien associé à la fertilité. Le bœuf est associé à l’agriculture. Dans toute l’Afrique du Nord le bœuf était offert en sacrifice car il est lié à tous les rites de labours et de fécondation de la terre. Chez nos cousins Égyptiens, le boeuf faisait également partie des offrandes funéraires. Le sacrifice du boeuf est la promesse d’un approvisionnement de la tombe en offrandes.

Les animaux de voyage

Le cheval comme le chameau sont utilisés comme moyen de transport. Il n’y a donc rien d’étonnant à les retrouver parmi les animaux psychopompes puisqu’ils sont chargés d’accompagner l’âme du défunt dans son grand voyage vers Amaur n Akauch.

Le mouton

Ici le mouton/bélier ne renvoie pas à Amen mais à son fils Hermès, dieu psychopompe mais aussi dieu des bergers, qui est parfois représenté portant un bélier ou un agneau dans son bras. La représentation de Hermès criophore (porteur de bélier) fait référence à l’histoire de Tanagra. C’est probablement par association d’idée que le bélier est devenu un animal psychopompe. Nous retrouvons le caractère psychopompe du mouton dans les croyances kabyles. Le mouton, chez les Kabyles était souvent offert en sacrifice à une personne décédée depuis moins d’un an.

Les oiseaux

En ce qui concerne les oiseaux psychopompes, nous avons moins de détails mais il est fort probable que la chouette fasse partie des animaux offerts en sacrifice. La chouette, chez les Atlantes comme chez leurs cousins Mycéniens et Romains, possède une connotation funéraire. Chez les Atlantes, le hululement de la chouette est considéré comme l’annonce de la mort d’une personne le lendemain. Les hululements de la chouette sont également perçus comme les lamentations des âmes des défunts qui viennent hantées les vivants. Des fouilles réalisées dans le Peloponnèse révèlent également la symbolique funéraire de cet animal. Ces fouilles ont mis au jour la présence de feuilles d’or repoussées en forme dans chouette dans le mobilier funéraire mycénien. De plus la chouette possède une vision nocturne ce qui lui permettrait de guider le défunt lors de son grand voyage.


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