La religion d’Anzar (Poséidon)

 

Les Libyens avaient une cosmogonie très particulière, qui repose sur des principes fondamentaux comme les visions des rêves, les cultes astraux, et qui débouche sur une sorte d’animisme qui sacralise la nature. Un héritage, un patrimoine culturel et social plurimillénaire que partagent les habitants de la Libye continentale et du pourtour méditerranéen (Maroc, Algérie, Tunisie, Tripolitaine, Cyrénie, Hellénie, l’Italie, l’Ibérie et même l’Égypte et les îles Canaries). Anzar est le Dieu suprême, des eaux, des rivières, des mers, des ruisseaux, des sources et de la pluie, (souvent appelé Aggled n Ugfur, c’est-à-dire « Dieu de la pluie »). Un rite connu sous le nom de Tislét n Anzar (« la fiancée d’Anzar ») lui était consacré en Libye (et aussi à Argos) lors des périodes de sécheresse pour faire pleuvoir. Cette tradition a été attestée au Rif, en Kabylie, dans l’Atlas, et dans les Aurès.

Si d’une région à une autre aussi bien libycophone que non, le nom et l’appellation changent (Anzar, Boughenja, Thasléth n’Wnazar, Thasléth n’Wamen…), la genèse et le principe du rituel restent les mêmes. Pour obtenir de la pluie, il faut solliciter Anzar et tout faire pour provoquer son action fécondante. Tout naturellement, depuis les temps anciens, les Libyens avaient pensé que la plus efficace des sollicitations était d’offrir une fiancée au Dieu de la pluie Anzar à la suite du mythe fondateur de la jeune femme qui refusa ses avances, d’où l’appellation en libyen, la fiancée d’Anzar (Thasléth n’Wanzar). À ce sujet, le préhistorien et spécialiste de l’histoire des Libyens, Gabriel Camps, nous fournit moult informations d’une importance capitale, sur cette pratique ancestrale. Dans le volume VI de l’Encyclopédie berbère, il écrit : “Certains lieux, comme à Tabelbala (Sawra sud-ouest de l’Algérie), est un véritable vêtement qui est taillé et cousu autour de l’assemblage de bois, des parures diverses, colliers et bracelets confortant l’idée qu’il s’agit bien d’une cérémonie nuptiale. Le nom le plus répandue donnée à cette poupée est celui de “aghanja” (la louche en français) sous différentes formes (taghonja, tarenza…) par allusion à la cuillère symbole et réceptacle lié à l’alimentation et donc doublement efficace. Plus simplement la poupée est appelée “tislét n’unzâr” (fiancée d’Anzar) ou “tislét n’waman” (la fiancée de l’eau). Dans le Rif (au Maroc), on utilisait de préférence à la cuiller, la pelle à vanner pour servir d’armature à la poupée : en cela aussi le symbole bénéfique est évident : la pelle est aussi un réceptacle, elle est en outre sacralisée par sa fonction liée à la récolte.” Aussi bien la description que l’origine du rite prouvent qu’il y a recours à cette pratique, en cas de sécheresse. Les habitants des villages imploraient le Dieu de la pluie Anzar au nom de la terre mère desséchée et concèdent à lui offrir symboliquement une belle fiancée. Le rite se déroule dans une atmosphère festive, un même air et couplet revient, bien connu en Kabylie “(Anzar, Anzar/ arebbi atsew ar azar / atserwo naama b’zrar/ atsernou thin ouzaghar” (Anzar, Anzar/Dieu arrosez-la jusqu’aux racines pour que les champs des montagnes et ceux des plaines soient rassasiés). Bien que la grande partie de la population du village y participe, le rite en lui même est organisé par les femmes. Elles préparaient un repas avec les produits ramassés durant la tournée dans le village. La fiancée d’Anzar est portée par une femme qui, parfois, se contente de brandir une simple louche lors de la procession (Tunis, Jerba, M’zab…). Cependant, la louche (aghenja) peut être habillée dans certaines circonstances aux couleurs de l’arc en ciel (Anzar). Un festin est organisé à la fin de la procession, où toute la population prend part. Cette tradition attestée au Rif, en Kabylie, dans l’Atlas et dans les Aurès n’a cependant bénéficié d’aucune étude approfondie, ou recherche, comme cela se fait, à travers le monde, quand il s’agit de la prise en charge d’un patrimoine aussi important, considéré pourtant par les spécialistes (Gabriel Camps) comme étant une mythologie à part entière.

 

Aujourd’hui le culte d’Anzar continue de vivre à travers nos prières, nous formons une petite communauté de pratiquant à travers l’Atlantide, pour nous rejoindre et apprendre nos cantiques libyques, il suffit de nous contacter via marocatlantis@gmail.com. Plus nous serons nombreux à le prier, plus la Libye continentale reverdira et redeviendra ce qu’elle a toujours été, un paradis terrestre.

Laisser un commentaire