Anzar dieu berbère de la pluie

 



Anzar est un dieu libyen d’Afrique du Nord, dieu de la pluie et de l’eau, qui tenait un rôle prépondérant dans la mythologie et la religion des Berbères, comme c’était le cas de tous les dieux de la pluie dans les religions Mésoamérique, Mythologie grecque, Romains, et Égypte antique, entre autres régions.


Autre dieux de la pluie :

  • Anzar chez les Berbères.
  • Poséidon Dans la Mythologie grecque.
  • Neptune (mythologie) chez les Romains.
  • Min chez les PharaonChac dans la civilisation maya.
  • Tlaloc chez les Aztèques et l’ensemble des Nahuas.
  • Cocijo chez les Zapotèques.
  • Tirípeme Curicaueri chez les Purépechas.
  • Dzahui chez les Mixtèques.
  • Tajín chez les Totonaques.
  • Mu’ye chez les Otomis.
 
Mythologie :
 
 
Anzar était Dieu du ciel, des eaux, des rivières, des mers, des ruisseaux et des sources et de la pluie, (souvent appelé Aglid n Ugfur, c’est-à-dire « roi de la pluie »). Un rite connu sous le nom de Tislit n Anzar (« la fiancée d’Anzar ») lui était consacré en Afrique du Nord lors des périodes de sécheresse pour faire pleuvoir. Cette tradition a été attestée au Rif, en Kabylie, dans l’Atlas, et dans les Aurès.
 
La légende d’Anzar :
 
 
II était jadis un personnage du nom d’Anzar. C’était le Maître de la pluie. Il désirait épouser une jeune fille d’une merveilleuse beauté : la lune brille dans le ciel, ainsi elle brillait elle-même sur la terre. Son visage était resplendissant, son vêtement était de soie chatoyante.
Elle avait l’habitude de se baigner dans une rivière aux reflets d’argent. Quand le Maître de la pluie descendait sur terre et s’approchait d’elle, elle prenait peur, et lui se retirait.
Un jour, il finit par lui dire :
Tel l’éclair j’ai fendu l’immensité du ciel, ô Toi, Étoile plus brillante que les autres, donne-moi donc le trésor qui est tien sinon je te priverai de cette eau.
La jeune fille lui répondit :
Je t’en supplie, Maître des eaux, au front couronné de corail. (Je le sais) nous sommes faits l’un pour l’autre… mais je redoute « qu’en dira-t-on »…
À ces mots, le Maître de l’eau tourna brusquement la bague qu’il portait au doigt, la rivière soudain tarit et il disparut. La jeune fille poussa un cri et fondit en larmes. Alors elle se dépouilla de sa robe de soie et resta toute nue. Et elle criait vers le ciel :
Ô Anzar, ô Anzar ! Ô Toi, floraison des prairies ! Laisse à nouveau couler la rivière, et viens prendre ta revanche.
À l’instant même elle vit le Maître de l’eau sous l’aspect d’un éclair immense. Il serra contre lui la jeune fille : la rivière se remit à couler et toute la terre se couvrit de verdure.
 
Le rite :
 
 

 

À l’époque où se durcit la terre, et que se présente ce que l’on nomme ‘sécher­esse’, les vieilles se réunissent pour fixer le jour où elles célébreront Anzar.
 
Au jour dit, toutes (les femmes), jeunes et vieilles, sortent, accompagnées des jeunes garçons, et elles chantent :
Anzar ! Anzar ! Ô Roi, fais cesser la sécheresse, et que le blé mûrisse sur la montagne comme aussi dans la plaine..
Autrefois on escortait processionnellement une jeune fille pubère et de plus gracieuse. On lui mettait le henné et on la parait des plus beaux bijoux : bref, on en faisait une ‘fiancée’.
La matrone du village, femme aimée de tous et de conduite irréprochable, devait procéder elle-même à la toilette de ‘la fiancée d’Anzar’. Ce faisant, elle ne devait pas pleurer, sinon on aurait pu penser qu’elle ne donnait pas de bon cœur à Anzar sa fiancée. Elle remet à la jeune fille une cuiller à pot (aghenja) sans aucun ornement qu’elle tiendra à la main. Puis la matrone charge ‘la fiancée d’Anzar’ sur son dos.
Celle-ci, la louche en main, ne cesse de redire :
 
Ô Anzar, la louche est sèche, toute verdure a disparu. Le vieillard est voûté par les ans, la tombe l’appelle à elle. Mon ventre est stérile et ne connaît pas de progéniture. Ta fiancée t’implore, ô Anzar, car elle te désire.
Un immense cortège les accompagne composé des gens accourus du village qui les suivent par derrière. À chaque seuil devant lequel passe le cortège, de nouveaux membres se joignent à lui et chantent eux aussi :
Anzar ! Anzar ! Ô Roi, fais cesser la sécheresse, et que le blé mûrisse sur la montagne comme aussi dans la plaine…
Sur le trajet de la procession on offre semoule, viande fraîche ou séchée, graisse, oignons, sel… Et les familles ainsi visitées jettent de l’eau sur les têtes, s’efforçant surtout d’atteindre la fiancée que le cortège emmène avec lui.
Une fois arrivées à la mosquée ou à l’un des sanctuaires (du village), les femmes déposent la fiancée. Puis elles se mettent à faire cuire ce qu’elles ont recueilli de porte en porte : huile, oignons… Et tous les accompagnateurs pren­nent part à ce repas. Celui-ci terminé, on lave sur place les ustensiles et on jette l’eau dans la rigole.
Après quoi, la matrone enlève ses habits à la fiancée, et la laisse nue comme au jour de sa naissance. La jeune fille s’enveloppe d’un filet à fourrage – et ceci signifie qu’il n’y a plus ni verdure ni rien de ce que produit la terre ; bref, que les gens en sont réduits à manger de l’herbe. Puis elle fait sept fois le tour du sanctuaire, tenant la louche en main de façon à avoir la tête de la louche en avant comme si elle demandait de l’eau. Tout en tournant, elle répète :
Ô vous, Maîtres des eaux, donnez-nous de l’eau… J’offre ma vie à qui veut la prendre.
C’est pour cette raison qu’on la nomme ‘la fiancée d’Anzar’.
Quand la jeune fille ainsi offerte à Anzar a terminé sa giration autour ou du sanctuaire, elle dit :
Je regarde la terre : la face en est dure et sèche. Pas une goutte d’eau dans le ruisseau. L’arbrisseau des vergers s’étiole. Anzar, viens à notre secours, tu ne peux nous abandonner, ô Noble. J’entends le gémissement de la terre pareil à celui du prisonnier plein d’ennui. Pas une goutte ne suinte des outres, le limon est rempli de crevasses. Je me plie à ta volonté ô Anzar, car devant toi je ne suis rien. L’étang se vide et s’évapore, il devient le tombeau des poissons. Le berger reste tout triste maintenant que l’herbe est flétrie. Le filet à fourrage est vide, il a faim… il m’étreint comme ferait une hydre.
Après quoi les femmes réunies dans le sanctuaire entonnent le chant que voici :
Ô Anzar au cœur généreux, le fleuve n’est plus que sable desséché. La clef, c’est toi qui la possèdes, de grâce, libère la source. La terre agonise injecte son sang jusqu’en ses racines. Ô Roi, ô Anzar, notre Mère la terre est sans force Elle patiente, elle compte sur toi, comme elle a accepté de toi le manque de nourriture. Remplis la rivière de ta sueur et la vie triomphera de la mort. ÔAnzar, ô puissant, Toi qui donnes la vie aux hommes, délivre-les de leurs liens, Toi le remède des blessures. La terre attend, livrée comme une jument, toute à la joie de ta venue. Ô Anzar, fils du (ou de) géant, Toi qui vis parmi les étoiles. Notre gratitude te sera acquise évidemment si tu nous donnes de l’eau. Ô Anzar, ô Roi, Toi dont le charme est sans égal, tu as épousé une jeune fille, perle précieuse, à la chevelure souple et lisse. La voici, donne-lui des ailes, et foncez vers le ciel : allez, À cause d’elle, parée de fine étoffe, tu peux dire aux assoiffés : buvez !
Cependant, quelques jeunes filles en âge d’être mariées, s’assemblent auprès de la fiancée toujours nue, pour le jeu dit ‘zerzari’ qui se pratique avec une balle de liège. Elles se groupent dans un endroit plat, non loin du sanctuaire. Munies chacune d’un bâton, elles se disputent la balle, jusqu’à ce que cette balle tombe dans le trou préparé pour la recevoir. Pendant ce temps là fiancée répète :
La terre et moi, nous sommes co-épouses, nous avons épousé un homme sans l’avoir vu. Nous ne sommes ni infirmes, ni stériles, mais la clef est bloquée dans la serrure. Nos seins ne donnent pas de lait : comment du reste le pourraient-ils ?
Lorsque la balle a pénétré dans le trou, elle dit :
Je tends la main devant moi, je ne trouve que le vide. Ma main cherche derrière moi, et ne trouve que moi-même. Rien ne me retient que moi-même… ô Anzar, ô Roi très bon, ma vie m’est précieuse… mais s’il la veut qu’il la prenne !
 
Les jeunes filles qui ont pris part au jeu avec elle, répondent :
Nous avons atteint notre but : la balle est à sa place. Le Roi est descendu sur la terre : la fiancée s’est soumise et l’a accepté. Ô Roi, donne-nous de la pluie, tu le vois, notre terre est assoiffée. Alors elle nous donnera bonne récolte, comme vous-même avez donné progéniture.
La balle est enterrée dans le trou creusé pour elle avant le jeu. Toutes les femmes regagnent le village avant le coucher du soleil. On peut être assuré que peu de jours après la célébration d’Anzar, la pluie se met à tomber.
Mais de nos jours, ce n’est plus une vraie mariée, parce qu’un chef l’a refusé autrefois : il a en effet refusé qu’une jeune fille se retrouve nue au cours du rite. Depuis on pare une louche que l’on appelle « la fiancée d’Anzar » [paragraphe traduit du kabyle par Fatiha Lasri]
 
À l’époque où les familles des At-Qasi et des At-Djennad se battaient contre les Turcs, les Marabouts mirent fin à l’ancienne procession (telle qu’elle vient d’être décrite). Ainsi nous l’ont racontée nos aïeules. Malgré cela, certains villages continuèrent la procession ‘ancienne manière’ ; d’autres la cessèrent immédiate­ment par peur de la malédiction des Marabouts. Dans ce dernier cas ils se conten­tent de transporter processionnellement la seule cuiller à pot, magnifiquement ornée au préalable comme une fiancée. Le rituel est à peu près le même, hormis bien sûr la dénudation qui n’est pas nécessaire. Le repas terminé, ce sont les jeunes filles qui se livrent au jeu de ‘zerzari’.
La célébration terminée, la louche sera reprise par son propriétaire qui la mettra de côté pour une prochaine célébration.
 
 
 
 


 
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