Tafsot, qui désigne le Printemps, est également le nom de la déesse du Printemps et par extension de la fertilité de la terre et des femmes. Son nom vient de la racine « fsi » qui signifie « éclore ». Tafsot est donc « celle qui fait éclore ». Malgré l’absence de représentation de cette déesse, les festivités liées à cette divinité suggère qu’elle serait la Perséphone/Proserpine libyque.

Les fêtes célébrées de l’honneur de Perséphone sont des fêtes féminines visant s’assurer la fertilité de la terre et sa propre fécondité. Fait qui est à mettre en parallèle avec les fêtes d’Amager n Tafsot dans lesquelles les rites sont effectués par les femmes. De plus on retrouve également l’idée du retour d’une divinité se traduisant par l’avènement du printemps.
Les rites
Les processions à la rencontre du Tafsot commencent de bonne heure, à la levée du soleil, au moment où mère nature se réveille, après son long sommeil hivernal. Ces processions sont, à l’origine, effectuées par les femmes. Mais avec la perte de la signification de cette fête, les processions ont incorporé des hommes. Tout au long de leur parcours, les femmes déposent, dans des endroits propres et visibles, des petites quantités de nourriture qui seront mangées par des oiseaux, vers, insectes et autres animaux sauvages. Les offrandes sont également déposées dans des endroits supposés être habités par des génies gardiens (Iâsasene). Ce geste, même si les quantités déposées sont infimes, est primordial pour le bon déroulement de la saison à venir à savoir celle des moissons.

Les enfants également sortent de bonne heure pour aller se rouler dans l’herbe et ne faire qu’un avec la nature. Mais d’après Nna Fadhma qui est une villageoise kabyle d’Aït Mlikech « la roulade dans l’herbe est un ancien code de communication féminine villageoise. Le rite concerne les filles qui ont eu leurs premières règles ! Elles sont de ce fait fécondes et peuvent désormais fonder une famille ». Il s’agit donc là encore d’un rite féminin à l’origine très probablement à visée fécondante.

Durant ce début du printemps, par des rites fort abondants et chargés de présages, la femme Kabyle appelle mère la terre l’aimer, la protéger et à faire ressusciter la vie en elle.
Le repas du premier jour du Printemps, appelé Imensi n Tafsot est composé principalement de légumes secs, notamment des fèves, et de plantes. On sacrifie également un coq ou une poularde pour accompagner le sekso d’Imensi n Tafsot. À noter que le coq est également un animal consacré à Perséphone.

Il existe également des interdits pour permettre à la terre de reprendre vie sans la perturber. Par exemple lors de la période appelée Nisan, il est interdit de cueillir les plantes sauvage comestibles. Toute entrave à cet interdit est considérée comme une atteinte à la bonne santé de la nature. Il ne faut pas perturber la régénération de mère Nature. Afin d’éviter tout risque de contagion, le blanchissement de la maison et l’achat de poteries neuves sont à évités durant un laps de temps. Ces deux activités nécessitent de l’argile qui est soustraite de la terre. Par respect pour la terre couverte d’épis en pleine germination, l’homme ne doit pas dormir avec sa femme en période de gestation et de lactation. Les mariages sont interdits, la chasteté est de rigueur.

Lors de cette période, durant parfois que deux jours, tous les interdits doivent être scrupuleusement respectés. Leur rupture risque d’engendrer la sécheresse, la stérilité et la mort. Il ne faudrait donc pas déranger les Gens de l’autre vie (l’âme des ancêtres) qui viennent apporter leur concours à la renaissance de la nature.
Ces rites se déroulant en Kabylie rappellent fortement les festivités dédiées à Perséphone chez nos cousins les héllènes.

Cet article est uniquement axée sur les comparaison entre Tafsot et Perséphone mais ne vous inquiétez pas un article avec plus de détails sur les festivités sortira.