La fête de Yennayer telle qu’elle est célébrée par les libyens aujourd’hui ne constitue que le souvenir d’une célébration bien plus importante tant au niveau culturel que spirituel. Il y a tout un ensemble de croyances et de rites qui entourent la fête du dieu libyen Yenos. En effet la période durant laquelle se déroule Yennayer est suivi de près par la rupture des provisions hivernales. La pratique de rites liés à la fertilité et à l’abondance devient donc cruciale en cette période. Les rites de purifications sont également de rigueur pendant cette période. L’ancienne célébration de Yennayer est donc bien différente du simple diner convivial d’aujourd’hui.
Le jour précédant Yennayer, le repas est plutôt léger parfois on se consomme que du lait ou des légumes secs cuits à l’eau. Le lendemain le repas est plus copieux. Chez les beni Iznassen et à Oran on évite de manger des aliments amers ou épicés pour se préserver d’une mauvaise années. Les aliments servis lors du repas symbolisent la richesse et la fertilité ( bouillis de blé et de fêves ou coeur de palmier chez les Beni hawa).
Pour s’assurer une année plus fructifiante et garantir la fertlité de la terre, il convient de nettoyer et de purifier les lieux Dans l’anti-Atlas, au petit matin de Yennayer, la maîtresse de maison nettoie tous les recoins de la maison en y saupoudrant ibsis (mélange de farine, huile et sel). Elle balaie ensuite les pièces pour chasser « tamghart n gar ussegwas » qui signifie « l’épouse de la mauvaise année » dont le nom est Tamara (la misère qui est un mot à ne pas prononcer ce jour-là).
Le sacrifice d’un animal (Asfel) est également important car il symbolise l’expulsion des esprits maléfiques et possède des vertus prophylactiques. Si les moyens le permettent on sacrifiera autant de bêtes qu’il y a de membres dans la famille.
On procède également à des prières pour s’assurer une saison féconde. Dans certaines région on disposent des ustensiles remplis de sel dont le nombre symbolise les mois de l’année
Yennayer du coté des enfants
Yennayer et également une fête durant laquelle on inicie les enfants au travail dans les champs en les laissant récolter eux-mêmes les fruits et légumes.
Yennayer est l’occasion de réaliser les premières coupes de cheveux des petits garçons. Dans certaines régions, on dit que l’enfant est comme un arbre, une fois débarrassé des mauvaises influences, il poussera plus fort et plus énergiquement
Les petites filles s’amusent à marier leurs poupées. Cette pratique rappelle vaguement Taslit n Wanzar. C’est une façon d’assurer la bénédiction de Yennayer aux mariages à venir
Yennayer à Tiznit
Yennayer c’est tout un programme. Dans la région du Souss Massa Drâa les festivités commencent bien avant le lever du Soleil. Les villageois se lèvent, vont se laver et se vêtir de leur tenue traditionnelle puis ils partent se recueillir auprès des morts pour leur montrer que ces derniers ont toujours une place dans leur vie. Les villageois honorent d’abord leurs morts avant d’honorer les vivants. Par la suite les villageois entament les visites aux proches et aux membres de la famille. Dans la même matinée ils vont également asperger leur maison, vêtement ainsi que leur betail d’eau et de parfum pour annoncer l’arrivée d’une année de prospérité.
Pour l’occasion les femmes s’affairent dans les cuisines. il n’est pas question de négliger le repas de ce soir. Elles préparent « Tagola » (un plat traditionnel à base de maïs concassé), mais aussi « Takssrite mo lbroj » (semoule décoré avec des oeufs etdes dattes). Les plats sont soigneusement décorés. Il existe un tradition en lien avec Tagola qui consiste à place un noyau de datte au fond du plat. Il est dit que celui qui trouvera ce noyau aura une année prospère. Dans d’autres contrée ce sont deux noyaux de datte qui sont cachés dans le plat. Celui qui trouvera le premier noyau bénéficiera (lui et son bétail) de la prosperité tout au long de l’année et celui qui trouvera le deuxième noyau aura des chèvres fécondes et nombreuses. Les chèvres sont également un symbole de richesse.
La nuit tombée, les familles se réunissent et célèbre Yennayer en dansant l’Ahwach, en chantant et en se régalant des plats préparés pour l’occasion
Yennayer à Chlef
Comme toutes les familles algériennes, les familles chélifiennes accueillent la fête de Yennayer dans une ambiance très particulière, les préparations pour cet événement commencent très tôt, elles se caractérisent principalement par la réunion de la grande famille, les femmes font l’achat de nouveaux ustensiles, elles achètent aussi les ingrédients pour préparer les plats traditionnels et même de nouveaux habits. Les enfants ont aussi profité de cette occasion pour découvrir les traditions et la culture de leur région. La célébration de la fête de Yennayer à Chlef est plus particulier que dans les autres régions de l’Algérie.
Les plats traditionnels sont préparés à la veille du jour de l’an par les mamans ou les grand-mères, les filles nettoyaient la maison ; elles font le grand ménage. Yennayar représente pour les famille chélifiennes une occasion pour se réunir ; les oncles, les cousins les petits-enfants… la réunion se fait chez l’un des grands-parents. la journée de Yennayer se caractérise par la distribution des aumônes aux pauvres. Tout simplement c’est être généreux. La fête se déroule dans une ambiance particulière ; une variété de plats seront présentés sur la table pour que l’année soit prospère. On se met tous à la table et on mange dans une seule assiette. Une fois le repas terminé, on place le plus petit des enfants dans une large assiette et on l’asperge d’urine de mouton. Les membres de la famille restent éveillés jusqu’à l’aube en discutant.
