Non au misérabilisme Chleuh de l’Atlas !



La misère qui touche les populations berbères vivant dans les montagnes de l’Atlas est une triste réalité. Chaque année, le froid tue et il n’est pas rare que l’armée intervienne dans le cadre d’opération d’aide humanitaire. Malheureusement, c’est le cas dans la majeure partie du globe. La question est de savoir l’origine historique de cette “aide humanitaire”. Il faut remonter ainsi dans le temps pour comprendre l’origine et le but de cette politique d’assistanat. Pendant le protectorat français, les gens de l’Atlas opposaient une résistance farouche aux forces coloniales. Un magnifique témoignage du Docteur Serre peut nous apporter une explication sur les origines de cette politique d’assistanat et le but politique visé. Docteur Serre est arrivé au Maroc pour effectuer son service militaire en 1931, il y restera jusqu’à «l’indépendance». Le Docteur avait fondé entre autres l’hôpital de Khénifra dans le Moyen Atlas. Il raconte dans ce témoignage la terrible bataille de Tazegzawt (prononcé aussi : Tazizaout), Haut Atlas Oriental, en 1932. Je cite:

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Avant les combats du Tazigzaout, j’étais convaincu qu’en soumettant les dissidents au gouvernement central, nous accomplissions une oeuvre humanitaire. N’allions-nous pas ramener les brebis égarées dans le droit chemin, les initier à notre civilisation, leur faire profiter de ses bienfaits ? Après la pénurie immémoriale qu’ils connaissaient, l’abondance et la sécurité que nous leur offririons leur paraîtrait le paradis !
Ce que je venais de voir modifia mon point de vue.
Si, malgré les bienfaits matériels palpables que nous apportions aux nouveaux soumis, la justice égale pour tous, le respect de leurs croyances, de leurs mœurs, de leurs coutumes – faits que les dissidents ne pouvaient ignorer – non seulement ils ne se soumettaient pas mais nous opposaient une résistance farouche, c’est que notre conception du bonheur, liée au bien-être matériel et à la sécurité, n’était pas valable pour eux.
Quel idéal valait toutes les souffrances, les privations, les pertes matérielles et humaines endurées depuis seize ans de luttes incessantes et comment cela pouvait-il encore être assez fort pour leur insuffler l’indomptable courage dont nous avions été témoins ?
Ce que les Berbères défendaient, ce n’était pas, malgré les apparences et les imprécations des fquihs, un idéal religieux, auquel nous ne portions d’ailleurs pas atteinte, non, c’était leur liberté, leur vie de pasteurs nomades dans leurs montagnes, sans autre servitude que celle du soleil, de la pluie ou de la neige. Peu leur importaient les chemins, les écoles, le médecin, le confort. N’avaient-ils pas toute la nature à leur disposition, le lait de leurs brebis, le miel de leurs abeilles, l’orge de leur petit champ et la laine de leurs toisons pour confectionner leurs vêtements et leurs tapis ? Que leur fallait-il de plus ? Ne se déplaçaient-ils pas à leur guise, au gré des saisons, de leur montagne à la plaine, sur les chemins de transhumance de leur tribu ? Qui venait les importuner, leur demander des comptes ? Personne. Les anciens réglaient les litiges et les difficultés quotidiennes. Les riches, suivant les préceptes du Coran, aidaient les plus pauvres, à la mesure de leurs moyens. Tout était bien ainsi. D’ailleurs, Dieu est le maître, c’est Lui qui octroie le bonheur et le malheur ; prions-le et soumettons-nous à sa loi car nous ne pouvons la changer.
Or, à la place de cette quiétude qui remet tout souci aux mains de la Providence, de cette vie simple réduite au nécessaire, de cette liberté véritable, nous allions apporter avec notre superflu et nos soi-disant progrès – qui créeraient aussitôt chez eux des besoins qu’ils n’avaient pas -, l’engrenage infernal de nos contrôles et de nos contraintes, fleurons de la civilisation moderne. Et ce sera irréversible, car on ne peut jamais s’en libérer. On a beau se battre pour que cela change, on ne peut que changer d’étau.
Leur avons-nous ainsi rendu service ? Je ne le crois pas. Seront-ils plus heureux ? Certainement non.”

 





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Voilà d’où vient l’idée d’une aide humanitaire, il s’agit en fait d’un concept purement colonial portant les couleurs de la bienfaisance évidemment hypocrite et de la bienpensance envers les peuples indigènes. C’est un colonialisme à visage humaniste et humanitaire, voulant absolument apporter une aide, civiliser les peuples considérés comme étant barbares et construire des infrastructures à travers les nouvelles terres colonisées. Certains font remonter l’origine de l’aide humanitaire aux “ordres hospitaliés” qui accompagnaient les croisés. Aujourd’hui, la nature des aides a une vocation politique. C’est en réalité un cheval de Troie.





“La main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit.” disait Napoléon Bonaparte !
Il vaut mieux donner que recevoir. Le don est une sagesse qui élève alors que le fait de recevoir est humiliant.


Mais qu’en est-il de nos jours ?


L’aide humanitaire se présente comme une forme de solidarité et de charité, généralement destinée aux populations pauvres, sinistrées ou confrontées à des guerres, et qui cherche à répondre à des besoins nécessaires et essentiels (faim, santé, reconstruction après un sinistre, éducation, protection des enfants, mise en place de réseaux d’eau et de communication…). On distingue souvent à ce titre l’aide d’urgence et l’aide au développement. En d’autre terme ce n’est pas juste une aide généreuse et ponctuelle, mais bien une véritable ingérence  suivant un calendrier néo-colonial.
L’aide au pays pauvre n’est qu’un simple prétexte commerciale permettant aux entreprises multinationales (en réalité occidentales) d’infiltrer les pays afin de multiplier leurs profits sous couvert d’aide humanitaire. Il s’agit là d’un néocolonialisme à visage lucratif et non belliqueux. Cela dit nous sommes encore loin de comprendre les vices et les travers qui se développent à travers ces politiques humanistes, dont l’objectif final vise à véhiculer des valeurs dégradantes telles que le misérabilisme, culture des malheurs du pauvre.

Avant d’aller plus loin, nous tenons à faire quelques rappels nécessaires sur ce que nous entendons par misérabilisme.

Le misérabilisme, souvent mis en opposition avec le populisme, est une notion développée par le sociologue et épistémologue français Jean-Claude Passeron. Elle décrit une attitude qui consiste à « […] ne voir dans la culture des pauvres qu’une pauvre culture. »
Cette notion renvoie plutôt à une vision péjorative de la pauvreté: le pauvre étant vu comme victime de sa situation, dépourvu d’outils pour s’en sortir. Cette vision normative d’approche structurelle nous démontre que la pauvreté est plutôt vue comme étant un manque ou une carence par rapport à la population qui elle est légitime.  Citons aussi Le misérabilisme a été inventé pour que les riches puissent se changer les idées.” de Philippe Bouvard.
Sortir du misérabilisme est avant tout d’être capable de voir autre chose qu’une vision dégradante des populations pauvres, c’est-à-dire les considérer comme misérables et ne pas les déterminer comme inférieurs. En effet, ce matérialisme rampant que nous cultivons nous aveugle au point de n’avoir comme mesure de bonheur que le bienfait offert par la modernité et on oublie soudain que ces populations ont vécu sans l’aide de personne à travers l’histoire. Aujourd’hui encore, leur mode de vie jugé archaïque organise toujours leur société et remplit donc une fonction essentielle tout aussi bien que la modernité. De quel droit pouvons nous définir leur état comme une misère?  Ou leur coller une image dégradante en publiant des photos d’enfant prétendus analphabètes décoiffés, la morve au nez? N’est-ce pas là une manipulation d’émotion et donc d’opinion que de représenter ainsi les choses?


Se prendre en main, être indépendant et non-assisté, toutes ces capacités positives qui soutiennent la construction personnelle et communautaire sont délaissées, car au fond les institutions qui viennent en aide aux “pauvres berbères de l’Atlas” ne sont pas là pour soutenir un quelconque développement, mais pour entretenir le sous-développement en arrosant les plantes de la servitude. L’assistanat moderne et global nous amène à cette servitude populaire, chacun attendant sa part. D’autre part, les médias, qui utilisent les images pour jouer avec la fibre humaniste, poussent les gens à se sensibiliser pour ces causes humanitaires. Bien sur dans tout cela, il y a des honnêtes gens qui font leur travail et qui participent sincèrement à combattre la misère. Cependant, en amont nous sommes face à une véritable organisation de la misère. Nous nageons dans le misérabilisme, cultivant la victimisation. Beaucoup de berbères passent leur temps à faire des associations et à attendre des aides d’autrui, mais au final tout ceci est triste car cela nous mène vers une pensée et une pratique de l’assistanat qui devient une habitude maladive, toujours à attendre des institutions et des autres. Pourtant comme nous le rappel le texte de ce bon vieux Docteur Serre, les berbères n’avaient besoin ni d’être civilisés ni d’être aidés, tout ceci n’est qu’instrumentalisation politique de la misère et des sensibilités humaines crées de toutes pièces.


Au fond c’est à chacun de veiller aux besoins des siens et de sa propre personne. Si cela est impossible l’aide entre gens d’un même village est bénéfique. Si cela aussi ne résous pas les problèmes alors il faut comprendre que l’aide et la solidarité doit devenir régional, il faut savoir que les populations berbères ne sont pas misérable comme les média essaye habillement de les décrire, sans tomber dans le misérabilisme, il faut comprendre que beaucoup de gens riches qui vivent dans ces régions peuvent participer à l’aide de ces populations en difficulté. Le dialogue inter-berbère deviens donc important et vital pour faire face à toute ces épreuves prévu comme imprévu afin d’organiser des aides entre populations berbères de ces régions sans attendre des aides national ou international. Le misérabilisme n’a plus lieu d’être en cette époque post-colonial, nous n’avons plus à cultiver cette image de peuple misérable tiers-mondiste qui attend des aides chaque année, l’organisation et la solidarité dois venir de l’intérieur, pour faire de la misère berbère un problème inter-berbère. Faire fit des rivalités tribales et des divisions du passé, de cette amour naîtra un véritable esprit d’entre aide et on en finira avec ce misérabilisme, qui est une relique de l’époque colonial qui a fait son temps.







Source :
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/miserabilisme/
http://www.francisboulbes.com/
http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=miserabilisme
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mis%C3%A9rabilisme
http://www.aufaitmaroc.com/maroc/societe/2012/2/7/un-programme-de-solidarite-en-faveur-des-populations-vulnerables
http://base.d-p-h.info/fr/fiches/dph/fiche-dph-7058.html
http://zayduhmad.wordpress.com/tag/protectorat-francais/
http://www.laviedesidees.fr/Pouvoir-et-contre-pouvoir-les-ONG.html
http://www.linternaute.com/proverbe/600/la-main-qui-donne-est-au-dessus-de-celle-qui-recoit/

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