Portrait de la femme romaine dite “L’Européenne”

 

L’étude des portraits dit « portraits du Fayoum » permet d’observer le phénotype berberoïde chez les Romains, étant donné qu’il reste peu de témoignage physique représentant les Romains avant les grandes invasions barbares (indo-aryenne), ces portraits sont une mine d’or. Beaucoup veulent juste y voir des portraits d’Egyptiens, pourtant la dénomination est formelle, ce portrait se nomme l’européenne.

Le visage juvénile se détache sur un fond gris bleuté. Vu presque de face, son ovale parfait est mis en valeur par l’implantation régulière des cheveux tirés en l’arrière et le demi-cercle de la natte où est fichée une épingle à tête d’or. La carnation nacrée avec des rehauts roses est rendue par de petites touches juxtaposées. Les grands yeux regardent vers la droite. Deux points blancs donnent vie au regard. La feuille d’or cache le cou gracile paré d’un collier de perles.

 

Un visage fascinant

Les yeux tournés vers la droite, la jeune femme ne regarde pas directement le spectateur. Ce détail, peu commun pour les portraits de momies, contribue certainement à la fascination que ce visage exerce.
La jeune femme est habillée d’une tunique pourpre et d’un manteau jaune. Une broche ronde avec une grosse émeraude enchâssée retient le vêtement. Les oreilles, grandes, décollées et pointues, sont ornées de boucles composées d’une pierre foncée encadrée de deux perles de belle taille. Une épingle à tête d’or fixe la tresse au sommet de la tête. Sous les feuilles d’or appliquées sur le cou, un simple collier en perles a été révélé par les analyses de laboratoire.

 

L’or, symbole d’immortalité

Au moment de son utilisation funéraire, la planche de bois, rectangulaire à l’origine, a été adaptée à la forme de la momie selon une découpe dite “à épaulures”, technique qui semble caractéristique de la ville d’Antinoopolis. On a aussi appliqué plusieurs petites feuilles d’or carrées qui couvrent le cou et, en partie, le vêtement, mais sans masquer l’ovale du visage.
L’éclat de l’or, semblable à celui du soleil, en fait un métal magique, symbole d’immortalité. Il est souvent appliqué sur les portraits de momies pour couvrir le fond gris autour de la tête, le cadre en stuc qui entoure le portrait ou, comme ici, cacher le cou. Mais il ne dissimule jamais les traits du visage car l’individualité du défunt doit être préservée.

 

Une technique exceptionnelle

On a utilisé pour élaborer ce portrait une planche de bois de cèdre, essence importée en Égypte. Sur une couche de préparation noire a été posée la couche picturale à l’encaustique. Le peintre a exploité à la perfection la densité de la cire. Ainsi, les touches fines ont été juxtaposées en suivant le modelé du visage, la courbe des sourcils et la disposition de la chevelure. Pour les cils, la matière picturale a même été gravée avec un outil dur et pointu pour découvrir la préparation noire.

 

 

Bibliographie

– AUBERT M.-F. , CORTOPASSI R., Portraits de l’Egypte romaine, catalogue de l’exposition, musée du Louvre, 5 octobre 1998-4 janvier 1999, Paris, 1998, n 80.

– DOXIADIS E., Portraits du Fayoum. Visages de l’Egypte ancienne, Paris, 1995, n 86 p. 114 et 213.

– MICHALOWSKI K., L’art de l’ancienne Egypte, Paris, 1968, p. 338, fig. 756.

– Art copte, catalogue de l’exposition, Petit Palais, 17 juin-15 septembre 1964, Paris, n 26.

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